Dig Your Way out

Le jeu est une vraie réussite à plusieurs niveaux. Je mettrai d’abord en avant le respect du thème… pourtant je suis rarement sensible à cet aspect. Mais là, c’est très travaillé, on s’y croit vraiment et tous les clichés de la prison sont là avec des supers visuels. On a tout le panel de prisonniers possible, du gros tatoué à la grand-mère des triades chinoises. Les jetons qu’on reçoit à chaque raclée sont représentés par une dent perdue en sang. On trouve tout et n’importe quoi en fouillant : des sachets de coke, revues porno…qui s’échangeront contre plein de cigarettes; des lacets, tire-bouchon.. qu’on va transformer en armes tel Mac-Gyver; des casquettes, bijoux en or… qu’on va donner pour montrer patte blanche et intégrer un gang. C’est hyper drôle et que dire des cartes actions planquées au milieu des objets de fouille. Vous pourrez provoquer une émeute, envoyer un adversaire en cellule d’isolement ou pire… croiser un rival dans les douches qui a la carte « savonnette » !! Le jeu ose tout pour notre plus grand plaisir.

Plus important, la jouabilité est aussi très réussie. En nous limitant à deux actions par tour, les auteurs rendent le jeu nerveux et très rapide. Personne n’attend, chaque joueur va jouer peu, mais ce sera à nouveau son tour rapidement. Le fait d’être limité dans nos actions empêche de faire un gros tour où on ferait plein de choses impactantes. C’est très bien, car dès qu’un joueur tire son épingle du jeu, tout le monde le sait et a le temps d’intervenir pour tenter de lui voler une carte. L’équilibre est donc bien présent et vous serez tous au coude à coude jusqu’à la fin. On sait exactement quand un joueur acquiert un objet permettant de marquer des points s’il arrive à le ramener en cellule. On sait aussi quand un joueur achète des armes mais certaines sont cachées dans les objets de fouille. Et la fouille contient des cartes actions qui peuvent tout changer et là, vous ne savez pas ! On a donc du bluff en permanence et on n’est jamais serein quand on rackette quelqu’un. Notez que vous perdrez les armes utilisées lors d’un combat… vous pouvez donc gagner et récupérer un objet impactant, mais vous vous retrouverez à la merci du joueur suivant qui peut vous tomber dessus. On est obligé de procéder avec parcimonie.

Le jeu laisse aussi une place importante au hasard. Pour aller dans le lieu que vous voulez, cela coûtera 2 actions, soit un tour entier à ne rien faire ! Pour se déplacer pour 1 action, on lance le dé et on s’adapte souvent du résultat. On fouille mieux dans les douches mais il faut faire 5 ou 6 pour y aller. Si vous faites 4, c’est le réfectoire ou la promenade qui sont accessibles. On va donc fréquemment être obligé de se déplacer en misant sur le hasard et adapter son action suivante ensuite. Idem pour la fouille, on ne sait pas sur quoi on va tomber. Il sera parfois impossible de rejoindre le gang de notre rêve si on ne pioche pas le bon objet. Le Cartel accepte les casquettes et les montres mais pour aller voir les Bikers, mieux vaut une bonne paire de bottes avec le foulard qui va bien. La fouille contient aussi 1 ou 2 cartes que les joueurs calculateurs vont détester : remélange de toutes les cartes au hasard entre les joueurs. Mais bon, c’est la prison et il faut donc s’adapter. Le hasard reste présent mais ça n’empêche pas qu’on reste sur un jeu d’optimisation d’action avec la possibilité d’anticiper les options des adversaires. Personnellement, je trouve le calibrage entre les deux aspects excellents.

A 2 joueurs, c’est forcément un peu moins fun. Le jeu prévoit une variante avec un prisonnier qui se balade et vous rackettera à tout bout de champs si vous le croisez. Mais bon, on rigole beaucoup plus à 3 ou 4. Si vous partez sur 5 ou 6, je ne vous raconte pas la jungle… il n’y a que 5 lieux et vous ne serez jamais tranquille, avec des possibilités de baston permanentes. Il faudra avoir les nerfs solides et être bien équipé avant d’acquérir de quoi creuser.